À l’ombre des terrils
(C. Bruchet - C. Oriol)

Avec ma p’tite pension, qu’j’touche tous les trois mois
Ça fait pas des millions, mais y’a plus pauvre que moi
Avec mes bons d’charbon, et mon médecin gratuit
Je vis dans les corons, à l’ombre des terrils
Je vis dans les corons, et malgré tout ce qu’on dit
Y’a pas plus heureux qu’moi, dans’s’noir pays
Dans’s’noir pays, qu’est mon pays

Avec mon p’tit jardin, paradis d’illusions
Dire bonjour au voisin, qui guette ses pigeons
Ramasser son journal, et lire les nouvelles
Ailleurs quand ça val mal, notre vie paraît plus belle
Je vis dans les corons, à l’ombre des terrils
Y’a pas plus heureux qu’moi, dans’s’noir pays
Dans’s’noir pays, qu’est mon pays

Tous les ans à’l’ducasse, inviter ses enfants
Quand rien ne nous tracasse, Noël en faire autant
Recevoir son voisin, à la nouvelle année
Samedi prendre son bain, samedi se bichonner
Je vis dans les corons, à l’ombre des terrils
Y’a pas plus heureux qu’moi, dans’s’noir pays
Dans’s’noir pays, qu’est mon pays

L’herbe comme un linceul, recouvre nos terrils
Des fosses faut faire son deuil, c’est fini, bien fini
On ne verra plus jamais, les gueules noires remonter
On n’dira plus jamais : " Au trois, y’encore un tué "
Mais beaucoup d’gens comme moi, un jour au paradis
Dirons : "Dans les corons, près des terrils
On était bien, dans’s’noir pays "

Sommaire d'Edmond Tanière


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